Rapport parlementaire: Les écoles, leurs salles, et les clubs

Le député leuzois Hervé Cornillie, ancien directeur de la Ligue handisport francophone, est, avec Christophe Clersy (Écolo) et Thierry Witsel (PS), l’auteur d’un rapport introductif «sur l’utilisation des infrastructures sportives scolaires».

«Rapport introductif», ça sent le sujet délicat…

Complexe, parce que si on veut avancer, il faudra trouver un terrain d’entente entre les Régions et la Fédération Wallonie-Bruxelles […] Les précédents «rapports introductifs» avaient été consacrés au financement des cultes et à l’émergence de l’économie circulaire. C’est dire…

Quel est l’intérêt de la démarche?

Ça permet de dépasser le cadre un peu formel du questions-réponses entre députés et ministre(s).

Sur un tel sujet, on ne part pas de rien, beaucoup de choses se font déjà. On perçoit de la bonne volonté chez la plupart des acteurs, établissements et clubs. Donc on ne va pas réinventer la roue.

L’objectif, c’est d’aider à trouver les moyens qui permettront qu’une infrastructure sportive scolaire soit davantage «rentabilisée». Comprenez: qu’elle soit davantage utilisée par des clubs en dehors des horaires d’école, ce qui limitera d’autant la pression sur les autres infrastructures sportives publiques.

Vous avez une idée précise des salles disponibles?

On a démarré avec le Covid, donc on n’a pas pu faire toutes les visites prévues, c’est vrai. Septante-deux établissements ont aussi répondu à notre questionnaire, de sorte qu’on peut dresser un constat assez correct des enjeux.

Au fond, quel est l’intérêt des écoles de prêter locaux et matériel?

Les écoles ne sont pas dans une logique de profit. Elles ont le sens du service rendu au public. Elles savent aussi que nouer des relations avec des clubs, ça fait partie de l’image de marque de l’établissement.

Alors, quels sont les freins?

C’est, par exemple, la salle scolaire enclavée dans l’établissement, ce qui impliquerait du passage dans les locaux. Ce sont aussi des questions de coûts énergétiques, d’assurances, d’usure du matériel, d’entretien et surtout les coûts humains dès qu’une école doit retenir quelqu’un pour gérer les allées et venues après 16 h.

Côté clubs, y a-t-il des freins également?

Oui, quand les dimensions de la salle conviendraient à l’entraînement mais pas à la compétition. Quand la salle n’est pas aux normes pour accueillir du public, ou quand il n’y a pas de cafétéria et pas le moyen d’en installer une…

Des freins extérieurs parfois?

Je vais en citer un qui n’est pas de chez

nous. En région liégeoise, une école a renoncé à louer sa salle sous pression du voisinage qui s’agaçait d’une occupation «bruyante» de locaux scolaires le week-end…

À l’inverse de ces obstacles, qu’est-ce qui fait que ça marche bien?

Nous avons repéré des bonnes pratiques et nous envisageons de les recenser en un vade-mecum pour que chaque opérateur puisse éventuellement s’en inspirer… Certaines écoles ont dynamisé la gestion de leur(s) salle(s) en créant une ASBL spécifique. Certaines, bien informatisées, mettent à disposition des badges électroniques, avec crédits d’accès et énergétiques, rechargeables…

Comment envisagez-vous de faire avancer les choses?

On a produit cinq types de recommandations (NDLR: depuis la communication jusqu’à la stratégie à long terme en passant par le cadre normatif), mais ce qui transparaît, c’est qu’il faudra des accords entre les Régions (NDLR: Jean-Luc Crucke est le ministre wallon des Infrastructures sportives) et la Fédération Wallonie-Bruxelles (NDLR: Frédéric Daerden a la compétence sur les Bâtiments scolaires, et Valérie Glatigny sur le Sport).

Pour donner un seul exemple, ne pourrait-on pas envisager des financements mixtes en cas de création ou de restauration d’infrastructures sportives scolaires? La partie strictement liée à la pratique scolaire serait subventionnée par la FWB et les compléments nécessaires à l’hébergement de clubs sportifs par la Région.

Source l’Avenir