Les députés wallons veulent éteindre l’éclairage «inutile» la nuit

A l’heure où l’énergie n’a jamais autant fait parler d’elle, plusieurs parlementaires wallons demandent au gouvernement d’envisager une obligation d’extinction durant au moins une partie de la nuit de tout éclairage qui n’est pas indispensable. Une manière de réduire la consommation électrique, mais aussi la pollution lumineuse, détaille Philippe Dodrimont.

Six députés wallons PS, Ecolo et MR – Sophie Pécriaux, Veronica Cremasco, Jean-Pierre Lepine, Nicolas Janssen, Olivier Bierin et Philippe Dodrimont – viennent de signer « une proposition de résolution visant à réduire la consommation énergétique liée à l’éclairage nocturne non résidentiel ».

En clair, ils veulent s’attaquer à tous ces lieux inoccupés et pourtant éclairés la nuit. Qui représentent un gaspillage énergétique, d’autant moins compréhensible par les temps qui courent, et une pollution lumineuse, estime le député aqualien Philippe Dodrimont.

« En Wallonie comme partout en Belgique, l’éclairage non résidentiel est partout : autoroutes, parcs et bâtiments publics, vitrines de commerces, publicités lumineuses », explique-t-il.

Une situation qui est apparue plus visiblement

encore durant la période Covid : « Pendant le couvre-feu, les gens trouvaient ça aberrant de voir autant d’endroits éclairés en permanence alors que personne ne circulait, continue M. Dodrimont. Et en plus de ça, j’ai été interpellé par des astronomes amateurs qui se plaignaient de l’éclairage intempestif qui les empêche d’étudier le ciel. »

Le résultat ? Cette proposition de résolution, qui envisage des solutions drastiques. Dans ce texte, approuvé également en commission par le cdH et le PTB, les parlementaires demandent en effet au gouvernement wallon « d’évaluer l’impact sur la consommation électrique à l’échelle de la Wallonie d’une obligation d’extinction, pendant une partie de la nuit, des éclairages intérieurs des locaux à usage professionnel inoccupés, des éclairages de vitrines de commerces ou d’exposition, des illuminations des façades commerciales ou des bureaux, des parcs et jardins publics fermés la nuit ainsi que des publicités lumineuses. Et, sur base de cette évaluation, d’étudier l’obligation d’extinction pendant une partie de la nuit, sauf motif impérieux ou de sécurité, de ces éclairages ou illuminations. »

Au moins réduire

Philippe Dodrimont l’avoue toutefois lui-même, une réduction de cet éclairage inutile serait toutefois déjà une victoire en soi. « Réduire un point lumineux sur deux, ce serait déjà un premier pas. Mais, au niveau de l’éclairage public par exemple, ce n’est pas faisable techniquement, m’a-t-on dit chez Resa. Maintenant, on pourrait peut-être le prévoir à l’avenir. Quitte même à envisager de l’éclairage public avec détecteur de mouvement là où c’est faisable, ce qui n’existe pas. »

Et le privé dans tout ça ? « Il y a plusieurs moyens pour réduire la pollution lumineuse, insiste le député aqualien. On peut soit réduire l’intensité de l’éclairage soit le supprimer là où il est superflu. C’est vrai que, dans certains cas, c’est

un élément de mise en valeur, mais quand on voit le coût de l’énergie et la pollution que ça engendre, ça mérite au moins une analyse. »

Fini dès lors d’illuminer les ponts liégeois ou la Cité Miroir ? « Ce qui est rassurant, c’est qu’il s’agit d’investissements récents, et donc de dispositifs moins énergivores. Maintenant, pour le pont par exemple, c’est vrai que ce serait dommage de la supprimer complètement, mais est-ce qu’il est vraiment nécessaire de le laisser allumé pendant 12 heures ? ».

Seule concession envisagée par les parlementaires : les éclairages pour raison de sécurité. « L’idée, ce serait vraiment de mener une évaluation, pour arriver à créer un réseau d’éclairage qui tienne compte de ce qui est indispensable ou pas », indique Philippe Dodrimont.

Ce texte devrait maintenant être voté en séance plénière du parlement d’ici une quinzaine de jours. Ce sera ensuite au gouvernement à prendre la main. « Mais le ministre Henry a déjà dit qu’il y était favorable », termine le député réformateur.

Source Sudpresse