« Le permis de détention d’un animal est improductif »

Depuis l’instauration du permis de détention d’un animal, moins d’une vingtaine de personnes en auraient été déchues. Mais pour le député wallon Philippe Dodrimont, le véritable problème est que les refuges et les élèves ne peuvent pas vérifier si l’adoptant est toujours en règle.

« Le Code wallon du bien-être animal a répondu à de grandes attentes comme la reconnaissance du fait que l’animal est un être sensible et donc qu’il doit être pris en considération notamment lors d’un divorce. Mais ce texte suscite aussi des frustrations à l’usage », explique Philippe Dodrimont, un député wallon très attentif à la cause animale.

« En vigueur depuis le 1 er janvier 2019, le permis de détention est improductif », juge-t-il. Les personnes qui ont commis des maltraitances sont déchues de ce permis et ne peuvent donc plus posséder un animal de compagnie. « Sauf qu’en près de deux ans, il n’y aurait eu que 14 déchéances alors qu’il y a des cas tous les jours ». Encore plus que le faible nombre de retraits de permis, le député regrette que les éleveurs et les refuges ne puissent pas vérifier si la personne qui vient chez eux n’est pas sous le coup d’une déchéance : « C’est à cause de la loi sur la protection des données personnes. Il faudrait procéder à une modification de la loi. Le sujet est délicat. L’autre solution pourrait que l’on donne à tout le monde un vrai document que l’on pourrait retirer. La réflexion doit être menée afin de trouver une solution rapidement ».

Autre élément à améliorer : l’importance des moyens humains. L’Unité du bien-être animal tourne aux alentours de 15-16 personnes : « Il faudrait renforcer les effectifs de 20 à 30 % afin d’augmenter les contrôles et aussi les actions de prévention qui ne sont pas suffisamment suivies d’effets. Il faut aussi une vigilance accrue au niveau des éleveurs ». Un personnel supplémentaire permettra aussi de mieux se pencher « sur les cas d’incroyable sauvagerie dont sont victimes les chevaux. Il faut des actions pour piéger ces individus ».

Le député wallon plaide pour donner plus de prérogatives pour vétérinaires pour qu’ils s’assurent que toutes les étapes de vaccination et de stérilisation sont bien respectées par le maître : « Il pourrait y avoir des obligations spécifiques à certaines espèces, comme le parement des pieds des chevaux ou la tonte des moutons ».

Le coût réel d’un animal

Du côté des éleveurs, ils devraient s’assurer que le candidat à l’adoption dispose d’un espace suffisant pour accueillir un animal de grande taille : « Les éleveurs pourraient aussi expliquer ce que coûte réellement un animal, en soins et en nourriture. Le fourage n’est pas bon marché. Les refuges sont très demandeurs car des gens sont au final surpris pour le coût ».

Sur le précédent ministre du Bien-être animal, Philippe Dodrimont avait remis un rapport sur l’élevage et le commerce des chats et des chiens, faisant une série de propositions. « J’ai demandé à la ministre Tellier où on en était. Elle m’a dit que les choses avaient pris du retard à cause du Covid. Il est temps de prendre des arrêtés », estime-t-il. Pour le député, il faut augmenter la taille obligatoire de l’espace dévolu aux animaux élevés afin de mettre tous les établissements sur un pied d’égalité. Il faut aussi s’assurer de la sociabilisation de l’animal : « s’il n’est pas manipulé régulièrement bébé par un être humain, il y aura des problèmes par la suite. Enfin,

nous devons supprimer les animaleries. Ce n’est pas un secteur qui pèse lourd. On ne vend pas un animal, on le confie à l’adoption. C’est différent ».

Source: Sudpresse – Yannick Hallet