Discours de Pierre-Yves JEHOLET, Président du groupe MR au Parlement de Wallonie, sur l’état de la Wallonie

La Belgique a terriblement été secouée le 22 mars dernier, terriblement meurtrie.

Cette date restera à jamais un jour noir pour notre pays où notre démocratie fut frappée de plein fouet.
Face à ce fanatisme, à ces horreurs, nous devons, ensemble, garder la tête haute et poursuivre notre travail, sans relâche. La seule réponse possible à adresser à ceux qui menacent nos valeurs de société et nos modes de vie est de rester debout, de continuer à vivre et à défendre nos libertés.

Sans être exhaustif, la lutte contre le radicalisme, la lutte contre toutes les formes de discrimination, la mise en œuvre du parcours d’intégration, la définition de critères de reconnaissance des établissements cultuels, la lutte contre les lieux de cultes clandestins sont autant de dispositifs régionaux pour lesquels nous avons, au-delà des clivages politiques, des obligations de moyens et de résultats, à l’égard de notre population inquiète.

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Je voudrais, à l’entame de mon exposé, rappeler l’attachement de ma formation politique pour la Wallonie. Une Wallonie qui vit, qui travaille, qui ose, qui investit, qui innove, qui prend des risques.
Une Wallonie moderne, moins bureaucratique, attractive, ambitieuse mais aussi solidaire.

Nous serons tous d’accord pour dire que la Wallonie compte de nombreux atouts qu’il est de notre devoir de développer et d’optimaliser.

  • Région située au cœur de l’Europe, elle bénéficie d’une situation géostratégique privilégiée. Elle est située à un jet de pierre de grandes capitales européennes et peut compter sur ses infrastructures pour établir des connexions directes et rapides avec ses partenaires internationaux.
  • Outre le réseau routier et ferroviaire, citons le Port Autonome de Liège, 1er port fluvial intérieur belge et 3ème port fluvial européen mais aussi le Trilogiport et Liège Airport, 1er aéroport cargo de Belgique. Sans oublier l’aéroport de Charleroi qui contribue lui aussi de manière importante à l’activité économique et au développement de toute une région. Ces différentes infrastructures sont des atouts de premier ordre pour notre région. Atouts, osons le dire, que nous envie la Flandre.

Grâce au développement de ces différentes structures, notre région n’est pas seulement ouverte sur l’Europe mais offre aux entreprises des perspectives dans le monde entier.

  • Autre atout inestimable, ce sont les nombreuses surfaces mobilisables disponibles pour accueillir de l’activité. Si il est vrai que notre Région est encore économiquement en retard par rapport à la Flandre, nous bénéficions, ici, d’une véritable opportunité, d’un avantage concurrentiel et d’une attractivité toute particulière. Nos entreprises ont besoin d’espace pour grandir et se développer. La Wallonie en dispose. A nous maintenant de mettre tout en œuvre pour que ces surfaces deviennent réellement et plus rapidement mobilisables.
  • En matière territoriale, je voudrais souligner un autre point fort de notre région que sont nos ressources naturelles. Ainsi, avec près de 30% de son territoire couverts de forêts, notre région offre des perspectives économiques non négligeables. Toujours au niveau des ressources naturelles, l’eau constitue elle aussi une richesse importante qu’il convient, non seulement de protéger, mais également de valoriser.
  • Soulignons, si vous le permettez aussi, notre patrimoine culturel, rural et artisanal diversifié auquel les Wallonnes et les Wallons sont et doivent rester attachés. Nous avons un terroir riche, avec des produits locaux de qualité et réputés. Ils contribuent à notre fierté, notre identité wallonne et forment un important vecteur touristique.
  • Enfin, dernier point et pas le moindre, que je souhaiterais mettre en avant, c’est notre capital humain et la qualité de notre main d’œuvre. En témoigne la réussite extraordinaire de quelques-unes de nos entreprises de pointe qui contribuent largement à l’amélioration de l’image de la Wallonie.
  • Et à côté de ces entreprises qui occupent le devant de la scène internationale, notre région dispose d’un tissu de PME riche et qui affichent un réel potentiel de croissance. Nous devons les voir comme un moteur essentiel pour notre économie et elles doivent à ce titre être au cœur de nos projets.

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On peut dès lors se poser la question, question essentielle : Comment, avec autant d’atouts, notre région peine-t-elle toujours autant à se relever ?

La population wallonne représente 32% de celle de la Belgique. Pourtant notre région compte près de 42% des chômeurs du pays.
Le taux de chômage s’élève à 7,8% en Flandre quand il atteint 14,9% en Wallonie. Le chômage des jeunes doit hanter vos nuits et celles de Madame Tillieux.

La part des exportations wallonnes avoisine les 16% du total belge et reste une faiblesse structurelle importante de notre région. Nos exportations qui doivent être notre fer de « RE » lance économique, ont une progression qui reste trop en deçà de la moyenne européenne.

Sans parler du PIB wallon qui stagne à 23,4%.
Les prévisions de croissance plafonnent.

Monsieur le Ministre-Président, l’année dernière, vous nous annonciez devant cette assemblée, je vous cite « le temps où la Wallonie décrochait, où l’écart se creusait avec d’autres régions est terminé ».
Vous le répétez encore cette année.
Pourtant, les derniers chiffres de l’UWE et de l’ICN démontrent que le fossé entre la Flandre et la Wallonie continue bel et bien à se creuser mais, je vous l’accorde un tout petit peu moins vite.
Vous êtes comme un sportif qui se réjouit de voir le dos des autres compétiteurs un petit peu plus longtemps avant qu’ils ne disparaissent à l’horizon.

Vous nous annoncez que le taux de chômage diminue en Wallonie, et je vous cite « de façon spectaculaire par rapport à d’autres régions», or il est toujours 2 fois plus élevé qu’en Flandre. Et s’il diminue, c’est plus en raison des mesures d’accompagnement qu’à une meilleure santé de l’emploi en Wallonie. Ce constat, une fois n’est pas coutume, nous le partageons avec la FGTB et avec vous.

Plus inquiétant encore, le taux d’emploi, indicateur de référence de la santé économique d’une région ! En 7 ans, le taux d’emploi wallon ne progresse pas. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les chiffres de l’IWEPS. Le taux d’emploi flirte toujours avec les 62%, sans jamais les atteindre. Ce sont 10 points de moins par rapport à la Flandre ! Et que dire du retard par rapport aux objectifs européens en la matière d’ici 2020?
Sans parler du taux d’emploi des jeunes en Wallonie qui est bas et qui continue à baisser. Quel indicateur catastrophique pour l’avenir de notre jeunesse.

Si votre politique et celle de vos prédécesseurs en matière d’emploi portaient réellement ses fruits, nous rivaliserions aujourd’hui avec la Flandre.

Voilà une série d’indicateurs macro-économiques peu encourageants qui ne viennent pas du MR mais d’institutions les plus indépendantes et les plus sérieuses les unes que les autres.

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Pour remettre notre région sur de bons rails, la Wallonie doit montrer l’exemple en réussissant elle-même sa propre réforme.
C’est pourquoi, nous, Réformateurs, nous lançons, une nouvelle fois, un appel à la bonne gouvernance, à la rigueur, à la transparence.
Au regard des derniers événements et de vos récentes déclarations suite à l’affaire de l’OWD, Monsieur le Ministre-Président, nous avons le sentiment que nous pourrions enfin être suivis. Regardez le parcours d’intégration obligatoire, il a fallu plus de 10 ans pour convaincre la gauche mais on y est arrivés.

Vous semblez avoir enfin compris, suite à l’affaire du 15 février, du détournement de 2 millions d’euros d’argent public qui a humilié notre région, que la Wallonie compte beaucoup trop de structures avec des règles de contrôle qui font référence à un mode de gouvernance du siècle passé. Alors que des codes de gouvernance d’entreprise voient le jour partout dans le secteur privé, qu’attend le Gouvernement wallon pour mettre en place les bonnes pratiques au sein de son administration et des OIP dont il a la charge.

Nous l’exprimons depuis des années, avec la certitude de ne jamais avoir été entendus, il faut rationnaliser les structures, les outils, les bidules qui sont trop souvent redondants et plutôt concurrents que complémentaires.

Osons, sans tabou, aussi le débat sur la suppression de certaines structures et ramener certaines compétences vers l’administration. Vous ne pouvez pas louer votre administration en externalisant comme vous le faites depuis des années toute une série de matières dans ce qui ressemble à des cabinets ministériels bis.

Osons le regroupement des outils économiques et financiers, la réorganisation des directions du TEC, la mise en place des cadastres transparents des fonctions dirigeantes et de la répartition des points APE, et ce dans un objectif de gestion efficace de la Wallonie.

Osons également le pari d’une administration wallonne dirigée par de hauts fonctionnaires indépendants, formés au management public, et ayons le souci de mettre en place des outils de contrôle performants sur l’action mais aussi sur le fonctionnement des organismes publics wallons.

Faut-il rappeler que pour contrer la réforme du régime des mandats, la majorité PS-cdH a considérablement diminué le nombre de postes soumis à mandat. De 110 postes initialement, il n’en reste plus que 38 soumis à mandat. 65% des postes de fonctionnaires dirigeants échappent à toute procédure de recrutement et sont promus par avancement de grade.

L’Ecole d’Administration Publique pouvait apporter plus de bonne gouvernance, mais le gouvernement wallon n’a pas manqué d’ingéniosité pour la contourner. Vous avez découragé les gestionnaires issus du privé qui voudraient s’investir dans la fonction publique.

Très vite, en effet vos vieux démons sont réapparus. La politisation des postes vient une fois de plus d’être mise en lumière par l’étude du Gerfa: vous cumulez, PS et cdH, plus de 85% des postes de hauts fonctionnaires au sein de l’administration wallonne!!

Le problème n’est pas que les fonctionnaires aient une opinion politique. Le problème réside dans le fait que certains fonctionnaires privilégient non pas toujours l’intérêt général de la Wallonie, mais prennent fait et cause pour un parti politique, pour ses idées, pour ses ministres.

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A côté de la bonne gouvernance, l’emploi constitue une priorité majeure pour la Wallonie.

Comment lutter efficacement contre le chômage et surtout, offrir de réelles perspectives d’emploi à nos jeunes lorsque les promesses du Gouvernement tardent, et le mot est faible, à être suivies de décrets. Le rôle d’un Gouvernement ne se limite pas à des effets d’annonce, à un moment il faut passer à l’action !

Et pour sa politique de l’emploi, la région dispose d’une manne financière de 2,6 milliards d’euros suite à la 6ème Réforme de l’Etat. Soit 1/5ème du budget wallon !

Prenons les aides à l’emploi, la Flandre est déjà prête alors que de notre côté, nous en sommes seulement aux prémices du décret.
Mais aurait-il pu en être autrement ? Comment voulez-vous réaliser une réforme des aides à l’emploi efficace quand on ne sait déjà pas évaluer le dispositif actuel, faute d’un cadastre exhaustif et détaillé de ces aides dévolues au secteur non-marchand ?

Par ailleurs, l’une des principales causes de notre faible taux d’emploi, réside dans le faible niveau de qualification de la population wallonne. Ce déficit de qualification est une véritable catastrophe qui tend à se répéter génération après génération. D’où l’importance de briser ce cercle vicieux et de relever enfin efficacement le défi de la formation des jeunes.

Il faut oser un large débat sur la formation et l’enseignement.
Plus fondamentalement, et je citerai François Toussaint (Directeur d’Interel) : « Il faut évaluer et repenser notre système d’éducation. Sans aborder le problème par la racine, nos écoles continueront de générer des cohortes dont un pourcentage élevé sera probablement sans emploi toute sa vie. Les différentes aides européennes obtenues par la Wallonie depuis les années 80 ont malheureusement été trop peu investies dans l’économie de la connaissance.
Il est temps de miser sur les cerveaux pour augmenter les chances de succès des jeunes dans une économie très compétitive. Dans cette logique d’évaluation de l’enseignement, le Plan Marshall devrait d’ailleurs faire l’objet d’un regard critique sur sa capacité d’améliorer durablement la formation sur des périodes de 10, 15 ou 20 ans »

En d’autres mots, il est urgent que les formations soient en adéquation avec les besoins de nos entreprises. A quoi bon dispenser des formations dont on sait qu’elles ne seront pas génératrices d’emploi.
Nos PME, nous le savons, sont un terreau riche pour le développement de notre région et nous devons pouvoir répondre à leurs besoins. Nos entrepreneurs peinent à trouver du personnel qualifié. Qu’attendons-nous pour prendre ce problème à la racine et réformer nos systèmes d’enseignement et de formation ? Demain, il sera trop tard !

La Ministre de l’Emploi et de la Formation a déjà perdu beaucoup trop de temps. Le réveil doit sonner, Madame la Ministre.

Nous devons profiter de notre Parlement de Wallonie pour oser mener des débats non seulement sur l’organisation de notre région mais aussi sur nos relations intra-francophones. L’avenir de nos jeunes ne pourra pas se passer d’une réforme en profondeur de notre système de formation et d’éducation. A l’heure actuelle les compétences en la matière sont bien trop diluées et trop souvent portées par des voix discordantes.
Notre système d’éducation et de formation manque clairement de lisibilité et donc d’efficacité !
Nous n’échapperons pas à cet égard à un débat en profondeur et sans tabous sur la simplification du paysage politique francophone.
C’est de cette manière que nous créerons une véritable alliance « formation-enseignement-emploi » efficace.

Ne nous leurrons pas, si nous réussissons le pari de cette alliance « formation-enseignement-emploi », nous n’aurons réalisé qu’une partie du chemin.
Nous devons en effet également redonner le goût d’entreprendre aux wallonnes et aux wallons et soutenir celles et ceux qui prennent des risques pour notre région.

Le problème, c’est que vos déclarations d’amour à l’égard des entreprises, des PME, des indépendants, vous les faites en campagne électorale ou à travers vos discours, souvent brillants ceci dit, et vos visites. Quand vous présentez le Plan Marshall, vous donnez en effet l’illusion de soutenir ce secteur et de vouloir le meilleur pour nos entreprises.

Mais cette illusion est très vite brisée par vos décisions. Nous avons encore tous en mémoire votre taxe sur l’outillage que vous avez ressuscitée ou encore la taxe pylône qui va à l’encontre des ambitions numériques pour la Wallonie. Et plus récemment, le prélèvement kilométrique pour les camions qui se répercute sur l’activité économique, sur les petites PME et les indépendants et sur les citoyens. J’évoquais une Wallonie logistique gagnante au début de ce discours. En prenant cette mesure, vous lui plantez un couteau dans le dos.

Vous avez uniquement fait le choix budgétaire, le choix de la facilité plutôt que de mettre tous les acteurs autour de la table et de négocier sereinement afin d’aboutir à un système efficace, intégrant le volet environnemental et celui de la mobilité.

A quelques jours des élections sociales, j’en appelle à tous les responsables quant à la nécessité d’améliorer le climat social en Wallonie. Un climat social désastreux est un frein aux investissements. Il rebute les investisseurs potentiels et ralentit le redéploiement économique de notre région.
Oui, les partenaires sociaux ont un rôle à jouer, oui à une politique de concertation plutôt que de confrontation.
Mais, si votre « modèle mosan » se résume à donner les clés de la Wallonie à la FGTB et à la CSC alors nous n’en voulons pas !

L’administration wallonne donne trop souvent encore une image hostile à l’égard des entreprises. Modernisons-la pour qu’elle soit à leurs côtés. Il faut simplifier les procédures, réduire les délais et revoir tout le « fatras » des aides qui ne sont plus lisibles pour personne. C’est aux administrations à s’adapter à l’évolution des entreprises, pas l’inverse !

La Wallonie doit devenir véritablement business friendly !

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Notre région est fière de sa ruralité.
Nos agriculteurs ont, eux aussi, besoin que vous soyez à leurs côtés. Au regard de notre modèle agricole, les circuits courts constituent une aide complémentaire appréciable pour ceux qui s’y consacrent et ils bénéficient d’une belle reconnaissance des consommateurs. Mais parallèlement à ce constat, il faut reconnaître qu’ils ne peuvent répondre aux défis agroalimentaires qui sont les nôtres. A cet égard, il est indispensable de se pencher sur la plus-value que peut apporter la transformation des matières premières à plus grande échelle
Vous avez une responsabilité politique envers ces hommes et ces femmes qui ont fait de leur profession un sacerdoce afin que nous, citoyens, puissions bénéficier d’une nourriture et de produits de qualité!

Concernant le manque de confiance des investisseurs envers la politique wallonne, permettez-moi encore un exemple.

Regardons où nous en sommes avec le CoDT. Depuis 2009, nous menons des discussions à ce sujet. Depuis 2009, nous expliquons aux particuliers, aux entreprises, aux pouvoirs locaux qu’une réforme en matière d’aménagement du territoire est indispensable. Mais, vos calculs politiques lors de la dernière législature nous ont fait perdre un temps précieux. Vous avez créé de l’incertitude là où il ne devrait jamais y en avoir. L’incertitude, c’est le cauchemar des investisseurs.
Sans parler du décret sols qui est encore et toujours dans les limbes.
Si vous voulez attirer les investisseurs, vous devez avoir une vision claire en matière d’aménagement du territoire, avec des directives précises et des échéances immuables qui permettent aux entreprises de prévoir et d’embaucher en conséquence.

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Vous ne rendrez pas non plus confiance aux citoyens avec la voie fiscale sur laquelle vous vous engagez.

A vouloir sans cesse jouer sur l’apport de recettes nouvelles, sans d’abord travailler à diminuer les dépenses et le train de vie de la Région wallonne, vous asphyxiez littéralement les travailleurs comme les entreprises.

Nous craignons que votre future réforme fiscale soit du même acabit, construite uniquement sur base d’impôts nouveaux et nous menant ainsi, droit sur la voie d’une concurrence et d’un suicide fiscal.
Une situation qui appauvrirait encore la Wallonie.
Cette concurrence existe en partie déjà à travers la téléredevance. Cette taxe antisociale et totalement obsolète que nous demandons de supprimer depuis 2008.

Cette concurrence fiscale existe aussi dans d’autres domaines. C’est pourquoi le Mouvement Réformateur a proposé de réformer les droits de succession et de donation. Nous voulons les réduire pour toutes les Wallonnes et les Wallons et appliquer des taux réduits pour l’acquisition d’un premier logement ou pour la création ou l’acquisition d’une entreprise.

Nous avons également une autre crainte, celle de voir apparaitre dès 2019 une différence de traitement concernant les allocations familiales. Pour nous, un enfant doit toujours être égal à un enfant. Vous ne devez pas, comme vous l’avez fait pour d’autres primes et dans un but purement budgétaire, créer à nouveau des inégalités entre les wallons, sur base d’idéologie et de dogmes dépassés.

Si vous poursuivez dans la voie d’une politique fiscale exclusivement taxatrice, vous achèverez la classe moyenne qui peine déjà sous le poids des droits d’enregistrement, droits de succession, taxes automobiles diverses, de la suppression de 2/3 des avantages fiscaux pour les titres-services, et d’une réforme du bonus-logement mal adaptée.
Sans parler du prix des déchets et de l’eau beaucoup plus élevé en Wallonie que chez nos voisins.

A cela s’ajoute encore le handicap énergétique dont souffre notre région. La dernière étude de la CREG démontre que si le prix de l’électricité pour les particuliers a surtout explosé en Flandre, c’est en Wallonie que la facture énergétique totale reste la plus lourde ! La raison de ces disparités régionales est assez simple et s’explique en raison de prélèvements publics plus élevés en Wallonie qu’ailleurs dont les coûts de réseau, les redevances et taxes diverses représentent près de 60% de la facture d’électricité du consommateur wallon.

Ce handicap énergétique s’explique également par la politique menée lors de la législature précédente et qui fut chaotique en matière énergétique (la saga photovoltaïque, gestion des certificats-verts, cartographie avortée de l’éolien,…). Si ce Gouvernement a hérité d’un champ de ruine, auquel il a lui-même en grande partie contribué, presque deux ans plus tard, on ne ressent cependant toujours pas le sursaut espéré. On reste dans le flou, dans le brouillard.

Pourtant, pour de nombreux ménages wallons, la facture énergétique s’apparente clairement à une deuxième feuille d’impôts. Dans notre région, plus de 400.000 ménages sont en état de précarité énergétique.

Et que dire du coût de l’énergie pour nos entreprises qui, depuis la libéralisation du secteur s’est considérablement alourdi en Wallonie alors qu’il s’est allégé en Flandre et à Bruxelles.
Notre handicap énergétique ne se résorbera pas uniquement au moyen de primes, il faut impérativement aussi agir sur les prélèvements publics trop élevés.

Notre Wallonie n’est pas seulement confrontée à une crise de l’énergie. Elle traverse également une crise majeure du logement à laquelle s’ajoutent 3 principaux défis auxquels est et sera confrontée la Wallonie : le défi démographique et sociétal, le défi d’accessibilité financière et le défi environnemental et qualitatif du parc de logement.

Nous venons de présenter, à travers un livre, notre vision et les réformes à entreprendre pour l’avenir du logement en Wallonie.
Si on s’arrête au secteur du logement public. Il est structurellement déficitaire alors que son parc a grandement besoin d’être remis aux normes et entretenu. Une réforme est donc indispensable pour sa pérennité mais aussi pour lui rendre son rôle d’ascenseur social, ce qui est à notre sens primordial.

Sur le plan social, le MR ne peut accepter que de plus en plus de personnes en Wallonie vivent sous le seuil de pauvreté. Votre plan de lutte contre la pauvreté manque d’ambition. Nous devons agir pour que les plus faibles, ceux à qui la vie n’a réservé que de mauvais coups, les plus accidentés, les plus fragiles puissent vivre, plutôt que survivre.
Notre conception de la solidarité, c’est davantage d’aider celles et ceux qui en ont le plus besoin, que d’assister des personnes qui ne saisissent pas les nombreuses mains tendues.

A courir après les recettes, on en oublie l’essentiel : c’est en réformant en profondeur la structure des dépenses que l’on retrouvera des marges d’action.
Or, ici, les exemples récents sont légion, le saupoudrage et la décision partisane continuent à prévaloir.

Ainsi, quand il s’est agi de répartir les Fonds FEDER, nous avons assisté au retour en grande pompe de la politique entre amis/camarades. Des subsides pour Namur, Charleroi, Mons, Bastogne, Dour, Thuin, …

Dès le retour des socialistes à la tête de la Ville de Verviers, la première déclaration de la nouvelle Bourgmestre fut de se réjouir qu’avec une socialiste à la tête de la Ville, ce serait enfin le retour garanti des subsides de la Région ! Chassez le naturel, il revient au galop !

Ce à quoi nous venons d’assister avec le plan infrastructures en est la parfaite illustration.
Ainsi, plutôt que d’objectiver vos choix pour des travaux utiles et indispensables à l’ensemble des usagers, nous vous avons entendu, Monsieur le Ministre-Président vous défendre de toute politisation en mettant en avant les investissements en Brabant-wallon et à Wavre en particulier.
Avez-vous vraiment cru que votre justification allait faire taire l’opposition wallonne ?
Vos routes, celles de vos présidents de partis, celles de vos membres du gouvernement ne représentent que 9 % du réseau routier. Elles ont pourtant reçu, de votre main, 27% du budget !

Quand comprendrez-vous enfin que ce dont la Wallonie a besoin, c’est de sortir de ce système et de travailler pour l’intérêt général et le bien-être du plus grand nombre uniquement.

Osons une véritable stratégie d’assainissement et de réorganisation des finances publiques. Avec une dette non maitrisée de bientôt 21 milliards d’euros, le risque est réel que la crédibilité de notre région soit ébranlée et que l’ensemble de nos concitoyens et de nos entreprises en paie le prix.

Structures pléthoriques, subsides partisans, dette, voilà autant de thèmes dont nous avons débattu longuement. Vous nous avez forcément écoutés mais toujours pas compris.

Mais je vous le concède, il est difficile, quand on est Bourgmestre d’une grande ville de se consacrer pleinement et objectivement aux destinées de la Wallonie.

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Mes chers collègues, vous l’aurez compris, la Wallonie ne manque pas d’atouts. Mais elle manque cruellement de réformes structurelles audacieuses. Trop souvent ce Gouvernement amorce mais ne conclut pas.
Il est temps d’accélérer le tempo et de donner aux Wallonnes et aux Wallons la région qu’ils méritent.
On peut bien sûr se sentir découragé. Mais sachons-le, il n’y a pas de fatalité. Ne prenons pas pour inévitable ce qui n’est que manque d’idées et d’actions.
C’est pour cela que le MR ne se contente pas d’un simple constat de l’inaction du Gouvernement mais se veut une réelle force de propositions constructives.

C’est plutôt d’un véritable électrochoc culturel dont la Wallonie a besoin. Un électrochoc reposant sur l’enthousiasme et une révolution des mentalités.
C’est l’affaire de tous : décideurs politiques, journalistes, patrons d’entreprises, cadres, ouvriers, … En un mot, toute la population wallonne est concernée. Pour paraphraser John Fitzgerald Kennedy : « Ne vous demandez pas ce que la Wallonie peut faire pour vous. Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour la Wallonie. »
Les Wallons doivent cesser de se reposer sur les pouvoirs publics pour tous les aspects de leur vie quotidienne, ils doivent aussi se responsabiliser, s’assumer et se prendre en main.

La réflexion ne doit pas se limiter aux aspects « consuméristes » du patriotisme wallon. Certes, il ne faut pas les négliger.
Mais l’électrochoc qui est nécessaire au niveau wallon va bien au-delà. Il doit entraîner un mouvement de fond, un changement de cap structurel et prospectif.
Nous devons, au sein de cette assemblée, nous interroger sur le sens à donner à l’identité wallonne.
De manière générale, les Wallons ne sont pas assez fiers de leur identité. Pire, le sentiment wallon chez les jeunes ne progresse pas mais se tasse légèrement selon une étude de l’ULG publiée en 2012.
L’identité wallonne va bien au-delà d’un « patriotisme économique » à la sauce Montebourg.
L’identité wallonne est d’ailleurs une identité apaisée, tranquille. Elle n’a jamais été anti-belge. Le Gouvernement doit l’affirmer plus haut et plus fort.
Défendre et promouvoir l’identité wallonne –facteur d’intégration- débouchera sans aucun doute sur davantage de cohésion sociale. Cette fierté d’être wallon est aussi un facteur significatif de redressement économique. J’en suis profondément convaincu.
Néanmoins, l’identité wallonne ne doit pas conduire à un patriotisme wallon de repli sur soi-même voire de protectionnisme.
Il s’agit d’un chantier ambitieux mais passionnant et nécessaire.

Les Wallons attendent autre chose que des discours du passé, des solutions mille fois utilisées ou des mots vides de sens. Ils exigent que nous les aidions à comprendre l’avenir, et par-dessus tout, à le bâtir pour eux et pour leurs enfants.

Nous espérons pouvoir débattre ensemble, députés de la majorité comme de l’opposition, d’un projet régional ambitieux et courageux. C’est ce genre de débats qui devrait animer le cœur de notre Parlement.
Nous devons cesser les trop répétitives envolées de reproches à l’égard des autres niveaux de pouvoir et qui ne grandissent pas notre assemblée.

Nous devons assumer, façonner notre avenir et non le subir.

Permettez-moi de citer Jean Rey : « Il nous appartient de faire entendre, chaque jour plus puissante, la voix de la Wallonie qui n’entend se laisser asservir, ni à l’intérieur, ni au dehors. »

Le transfert de compétences est une véritable et unique chance à saisir, il faut le voir comme tel et prendre nos responsabilités.

Avec la 6ème Réforme de l’Etat, nous avons voulu plus de compétences, plus de leviers d’action. Il faut maintenant les assumer et aller de l’avant.

J’en appelle au Ministre-Président, aux membres du Gouvernement et à mes collègues parlementaires pour saisir cette chance. J’attends un réel sursaut, je vous engage et je nous engage à travailler ensemble pour notre région, pour la Wallonie !