Décrochage des onduleurs: une prime pour les batteries?

Le problème de décrochages des onduleurs des installations photovoltaïques s’est une nouvelle fois invité au Parlement wallon à l’occasion de plusieurs interpellations du ministre de l’Énergie Philippe Henry (Écolo) à ce sujet. Cette incapacité, à certains endroits, du réseau électrique à encaisser des productions décentralisées pénalise de plus en plus régulièrement les prosumers.

Or, le Plan Air Climat Energie (PACE) de la Wallonie envisage un triplement de la production photovoltaïque dans les 7 prochaines années. De quoi s’interroger sur les capacités du réseau à tenir le coup, notait François Desquesnes (Les Engagés).

Si le problème est de plus en plus aigu, il n’est pas neuf. Et le ministre Henry a une nouvelle fois évoqué des pistes de solutions qui, pour efficaces qu’elles pourraient être en théorie, tardent à se traduire sur le terrain.

La principale est forcément le renforcement du réseau. La Wallonie a prévu un soutien de 214 millions (168 + une aide européenne) pour les GRD (gestionnaires de réseaux). Mais le chantier est immense – 820 millions prévus par Resa et 1 milliard pour ORES – et devrait s’étaler sur 15 à 25 ans au moins…

Une prime pour des batteries?

Un monitoring des cabines basse tension (où se concentre l’essentiel des problèmes) permettrait toutefois d’apporter une solution plus rapide en ciblant mieux les priorités de renforcement, dit le ministre. Mais tout ne se fera pas demain non plus. Or, c’est aujourd’hui que des producteurs d’électricité renouvelables sont  » victimes  » de cette situation, dit François Desquesnes.

Ne pourrait-on pas les exonérer de la taxe prosumer pour les périodes où leur onduleur décroche (et donc leur production est perdue)?, interroge Manu Douette. Le ministre Henry a éludé l’option du député MR. Quant à sa proposition d’envisager des incitants à l’installation de batteries domestiques comme c’est le cas en Flandre (70% des installations PV y sont doublées d’une batterie), le ministre Henry n’y croit pas. Ou plutôt, il préfère miser sur une augmentation de l’autoconsommation des prosumers. La fin du compteur qui tourne à l’envers (en 2024 pour les nouvelles installations, en 2030 pour les autres), les possibilités de partage d’énergie grâce aux compteurs intelligents et l’instauration d’un tarif flexible (moins cher quand il y une forte production) doivent permettre d’y parvenir. Sauf que…

Faute d’entente entre les GRD et la CWaPE, le régulateur wallon de l’énergie, cette nouvelle méthodologie tarifaire a été reportée de 2024 à 2026. Quant aux compteurs intelligents, si la Flandre a opté pour un déploiement massif, c’est plutôt au compte-gouttes qu’ils sont installés en Wallonie.  » Le PACE oblige les GRD à équiper les ménages wallons au plus vite, en particulier les prosumers et le décret sera prochainement adapté en ce sens « , dit le ministre Henry. Qui annonce aussi que la prime pour les équipements de domotique (qui favorisent notamment l’autoconsommation) va être prolongée d’un an. Utile sans doute, mais plutôt une mesurette quand on sait que le réseau doit absorber de plus en plus de production photovoltaïque chaque mois.