Olivier Destrebecq : « Scandaleux : Le Ministre wallon de l’Economie peu enclin à rencontrer les travailleurs de Longtain »

Ce 7 janvier, j’ai eu l’occasion d’interpeller en séance plénière du Parlement Wallon, le Ministre de l’Economie sur le dossier des laminoirs de Longtain et sur les craintes des travailleurs.

 

Ceux-ci se sentent délaissés par le Gouvernement Wallon qui a, à leurs yeux, favorisé la sidérurgie liégeoise et carolo et revendiquent donc à juste titre un soutien similaire. L’attitude du Ministre ne fait que conforter ce sentiment puisque lorsque je l’ai interrogé, il n’a pas garanti sa présence pour rencontrer les travailleurs, ce jeudi.

 

Il me semble évident qu’il ne peut y avoir de discriminations en la matière. Un emploi dans la région du Centre vaut autant qu’un emploi à Liège. Le Gouvernement Wallon doit être conséquent avec lui-même et ne doit pas kidnapper l’emploi sur ce site et plus globalement dans la Région du Centre. Notre région mérite autant d’attention et de soutien que les autres pôles sidérurgiques wallons.

 

Ceci étant, je suis personnellement opposé à une nationalisation pure et simple du site par la Région. Tout d’abord cela s’oppose aux règles européennes de la concurrence et il serait surprenant d’obtenir une dérogation de la Commission. Cela ne mènerait qu’à une perte de temps et d’énergie.

 

Par ailleurs, cette nationalisation serait une porte qu’il ne convient pas d’ouvrir car alors : où fixer la limite ? Si on nationalise Longtain, Carsid, NLMK, Arcelor devront également l’être. Nous n’en avons tout simplement pas les moyens. Il ne me semble d’ailleurs pas opportun d’aller en ce sens dans la mesure où cette distorsion de concurrence ne permettrait qu’une survie virtuelle des sites nationalisés et une mise à mal des finances publiques.

 

En revanche, si cela s’impose, je ne serais pas opposé à un portage à condition que celui-ci respecte les règles européennes et s’inscrive dès le départ, dans un projet économique viable à long terme. En la matière, j’attends de la Région qu’elle se montre plus efficace que jusqu’à présent ; Actionnaire à 49% des Laminoirs depuis plusieurs années, on peut s’interroger sur la plus value apportée au site.

 

Etant donné l’importance de l’actionnariat public, si le Gouvernement n’était pas au courant des difficultés de Condesa et n’a pas pu anticiper les problèmes, il s’agit d’une négligence coupable. Si à l’inverse la situation a été portée à sa connaissance mais qu’il n’a pas réagi, alors il y a manifestement faute. A minima, il me semble évident que la Région a une large part de responsabilité dans le pourrissement de la situation.

 

En second lieu, dans l’optique de faciliter une reprise par un investisseur privé, j’estime que la Région doit faire l’acquisition du terrain en vue de sa dépollution. Sans cette démarche, d’ailleurs mise en œuvre pour Carsid, je doute de la possibilité de trouver un repreneur.

 

L’exemple de l’échec de la reprise par un investisseur louviérois l’a démontré en suffisance, il y a quelques semaines.

 

Enfin, je suis convaincu que les laminoirs de Longtain gagneraient en portée commerciale s’ils parvenaient à s’insérer dans un plus grand groupe ; à condition de bénéficier de garanties  au niveau de l’emploi, de la production et de l’entretien de l’outil.

 

D’une manière générale, je pense que nous avons pris énormément de retard au niveau des plans de reconversion. Cela fait des années qu’il aurait fallu mettre en place un plan global de reconversion des bassins sidérurgiques qui permettrait aujourd’hui de relancer notre économie via des nouvelles entreprises ou via le développement de produits de niche.

 

On ne peut malheureusement que constater le déclin de notre sidérurgie qui, pour l’instant, ne survit que virtuellement ; au moyen de fonds publics. Nous ne pouvons plus nous contenter d’espérer un revirement de la conjoncture économique et une relance de la demande d’acier. Il faut nous montrer proactifs et mettre en place une nouvelle politique industrielle wallonne.

 

Il y a plusieurs années déjà, au perchoir de la Chambre, j’ai réclamé à Elio Di Rupo, alors Premier Ministre, la mise en place d’un tel plan. Celui-ci n’a guère paru intéressé et n’est pas réellement intervenu en ce sens.

 

Malheureusement, l’évolution des choses ne fait que conforter mon opinion quant à l’importance d’un tel plan. Je ne peux donc que réitérer cette demande et souligner l’urgence de la situation. Des milliers d’emplois sont en jeu ; la perfusion financière a ses limites : osons le changement !