En forêt, des animaux (trop) dérangés

Depuis le printemps 2020, beaucoup ont (re)découvert le plaisir d’une balade en pleine nature. Des lieux aux paysages remarquables ont vu leur fréquentation exploser, dans l’arrondissement de Verviers, et pas uniquement le plateau des Hautes Fagnes. Territoire boisé, vallonné et peu habité, la commune de Stoumont en fait partie. Soucieuses de maintenir un certain équilibre dans ses forêts, les autorités publiques locales souhaitaient délimiter deux fois cinquante hectares, à Monthouet et Bru, en «zones de quiétude pour animaux». Soit y interdire l’accès au public.

Fêtes de nuit, incendie, déchets: de nombreux soucis

Un dossier sur lequel le collège communal stoumontois s’est penché suite à une période estivale qui a pu s’avérer quelquefois chaotique dans les forêts.

«C’est très bien que les gens redécouvrent la nature qui les entoure. Mais elle n’est pas un parc d’attractions: certains semblent l’oublier» , note Marie Monville, échevine en charge du Tourisme et du Patrimoine forestier.

En contact avec le Département de la Nature et des Forêts (DNF) dans le cadre du projet de zones de quiétude,

elle souligne que les agents de ce même DNF étaient «parfois complètement dépassés» par la situation.

Parmi les problèmes rencontrés, en ces périodes de forte affluence: des promeneurs en dehors des chemins et sentiers, la présence de véhicules motorisés «en recherche de sensations» , le jet de déchets en plein environnement «vert»… mais pas seulement. «La police a eu affaire à des activités de nuit. Elle a notamment dû stopper une rave party» , se souvient Marie Monville. Une autre fois, «un début d’incendie» s’est déclaré, toujours dans les bois.

Évidemment, la faune ne s’est pas montrée insensible à la situation. «Elle était vraiment dérangée. Les animaux ont même déserté plusieurs coins.» Il convenait donc d’agir, d’où l’idée de «zones de quiétude pour animaux».

La sensibilisation, bientôt

Un projet qui ne pourra voir le jour: il ne serait tout simplement pas légal. Interrogée à ce sujet par la députée Christine Mauel (MR-PFF), la ministre wallonne de la Forêt, Céline Tellier (Écolo), a en effet précisé que des interdictions de passage «se justifient uniquement par le risque d’incendie, une menace pour la faune ou la flore, un risque de perturbation significative de la quiétude de la faune ou pour des raisons d’ordre sanitaire ou liées à la sécurité des personnes. Ni la notion de zone de quiétude, ni surtout sa persistance dans le temps au-delà d’un mois ne peuvent donc être couvertes par cette procédure.»

Dans le Code forestier wallon, aucune trace en effet d’une possibilité d’entraver l’accès à des chemins et sentiers en dehors de ces situations, et sur le long terme qui plus est.

Légalement, du coup, le mayeur de Stoumont et ses collègues vont ainsi se tourner vers une sensibilisation à l’aide de panneaux d’information, en divers endroits importants voire critiques, identifiés par le DNF. « À titre personnel, je remarque que les promeneurs

ne sont pas toujours habitués à circuler en forêt. Tous ne savent pas distinguer un chemin d’un coupe-feu (NDLR: servant à surveiller et intervenir en cas d’incendie) , par exemple. Il est bon de rappeler certains points» , commente Didier Gilkinet, le bourgmestre.

Les panneaux ont été commandés ce 21 avril par le collège.

Source: L’Avenir